Quand j’ai rencontré Domingo Cadin, à la présentation d’un livre militant, j’ai surtout été touchée par son sourire. Il me parlait de Mitterrand et de Régis Debray. Il avait à écouter l’autre, à poser des questions pour le faire avancer dans son propos, une disponibilité spécifique. Quelque chose d’une bonté première. J’avais l’impression d’un de ces moments privilégiés où l’on croise la route d’un être qui fait honneur à l’humanité.
Domingo vit à Mexico dont l’ambassade l’a recueilli à la sortie de sa détention sous la dictature pinochiste. Il a raconté ce terrible passé dans un témoignage de Memoria Viva largement repris avec des ajouts spécifiques dans Anthropologie de la réalité virtuelle.
Torture, physique et psychologique, absence de matelas pour dormir, sous la pression des hurlements permanents des torturés. Dans l’incertitude de l’heure qui suit. Tout cela dans une maison de la Section 8 du Parti Socialiste Chilien réquisitionné et sombrement détourné en centre de torture par la DINA. Tandis que sa famille finit par être libérée, il demeure prisonnier. De camp de concentration de 4 Alamos, puis de Ritoque à la campagne et retour au Centre pénitentiaire de la Capitale, il ne pourra jamais faire reconnaître les séquelles de sa détention.
Arrêté le 29 juin 1974, il a pu après un an gagner Mexico avec 52 compagnons le 17 mai 1975. Accueilli à L’aéroport par l’épouse du président Allende, interdit pendant 12 ans de reprendre contact avec son pays, il a épousé une mexicaine et vit au DF.
Son témoignage fait entre autre allusion à un certain guato romo )ex compagnon d’ami socialiste incarcéré avec lui) transformé en tortionnaire et qui ensuite fut emprisonné sans jamais manifester l’ombre d’un remords. On pense à Klaus Barbie et aux SS ironiques. J’ai vu lors d’un procès le numéro 2 du FN français avoir ce rire diabolique à l’évocation d’un vieux communiste juif incarcéré à Dachau.
Cette incompréhensible attitude favorisée par le réconfort d ordres qui donnent une illusion d’impunité résonne effroyablement dans la mémoire des rescapés. Et l’on connaît toutes les influences de la sauvagerie nazie dans les dictatures d’Amérique Latine, avec cette même haine et peur du socialisme et du communisme.
30 000 rescapés à la torture pinochiste ont dû survivre tant bien que mal. Beaucoup sont morts au Chili ou en exil sans avoir revu leur pays.
Mais ceux qui demeurent- elle n’est pas si loin dans l’échelle du temps, cette époque !- ne peuvent qu’espérer la punition pour tous ceux qui de près ou de loin ont participé à cette dictature. Car il n’y a pas que des chefs ! C’est pourquoi DOMINGO CADIN fait un travail quotidien, sans relâche et inlassable d’information sur les réseaux sociaux. « Malgré ce que coûte de ramener le souvenir de s expériences douloureuses et traumatiques ». Les anciens militaires ayant des postes honorifiques, les personnels de l’administration dictatoriale, sans compter ceux qui en fuite ont filé une vie confortable à l’étranger et dont il faut réclamer l’extradition : « tous doivent se retrouver dans de vraies prisons ».
http://www.memoriaviva.com/.../testimonio_de_domingo_cadin
Et aussi
la page facebook de Domingo Cadin. Très nombreux liens YouTube pour connaître et comprendre la dictature pinochiste.
Memoria EnRedada. Una Voz. Domingo Cadin
Domingo Cadin | Vie, 09/11/2007 -Detenido-Desaparecido, palabra que empezó a conocerse bajo la tiranía pinochetista, igualmente los aparatos represivos de la DINA-CNI, junto con las ejecuciones s...