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Domingo Cadin chilien exilé à Mexico : lutte sans répit contre les impunis de la dictature

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Quand j’ai rencontré Domingo Cadin, à la présentation d’un livre militant, j’ai surtout été touchée par son sourire. Il me parlait de Mitterrand et de Régis Debray. Il avait à écouter l’autre, à poser des questions pour le faire avancer dans son propos, une disponibilité spécifique. Quelque chose d’une bonté première. J’avais l’impression d’un de ces moments privilégiés où l’on croise la route d’un être qui fait honneur à l’humanité.

Domingo vit à Mexico dont l’ambassade l’a recueilli à la sortie de sa détention sous la dictature pinochiste. Il a raconté ce terrible passé dans un témoignage de Memoria Viva largement repris avec des ajouts spécifiques dans Anthropologie de la réalité virtuelle.

Torture, physique et psychologique, absence de matelas pour dormir, sous la pression des hurlements permanents des torturés. Dans l’incertitude de l’heure qui suit. Tout cela dans une maison de la Section 8 du Parti Socialiste Chilien réquisitionné et sombrement détourné en centre de torture par la DINA. Tandis que sa famille finit par être libérée, il demeure prisonnier. De camp de concentration de 4 Alamos, puis de Ritoque à la campagne et retour au Centre pénitentiaire de la Capitale, il ne pourra jamais faire reconnaître les séquelles de sa détention.

Arrêté le 29 juin 1974, il a pu après un an gagner Mexico avec 52 compagnons le 17 mai 1975. Accueilli à L’aéroport par l’épouse du président Allende, interdit pendant 12 ans de reprendre contact avec son pays, il a épousé une mexicaine et vit au DF.

Son témoignage fait entre autre allusion à un certain guato romo )ex compagnon d’ami socialiste incarcéré avec lui) transformé en tortionnaire et qui ensuite fut emprisonné sans jamais manifester l’ombre d’un remords. On pense à Klaus Barbie et aux SS ironiques. J’ai vu lors d’un procès le numéro 2 du FN français avoir ce rire diabolique à l’évocation d’un vieux communiste juif incarcéré à Dachau.

Cette incompréhensible attitude favorisée par le réconfort d ordres qui donnent une illusion d’impunité résonne effroyablement dans la mémoire des rescapés. Et l’on connaît toutes les influences de la sauvagerie nazie dans les dictatures d’Amérique Latine, avec cette même haine et peur du socialisme et du communisme.

30 000 rescapés à la torture pinochiste ont dû survivre tant bien que mal. Beaucoup sont morts au Chili ou en exil sans avoir revu leur pays.

Mais ceux qui demeurent- elle n’est pas si loin dans l’échelle du temps, cette époque !- ne peuvent qu’espérer la punition pour tous ceux qui de près ou de loin ont participé à cette dictature. Car il n’y a pas que des chefs ! C’est pourquoi DOMINGO CADIN fait un travail quotidien, sans relâche et inlassable d’information sur les réseaux sociaux. « Malgré ce que coûte de ramener le souvenir de s expériences douloureuses et traumatiques ». Les anciens militaires ayant des postes honorifiques, les personnels de l’administration dictatoriale, sans compter ceux qui en fuite ont filé une vie confortable à l’étranger et dont il faut réclamer l’extradition : « tous doivent se retrouver dans de vraies prisons ».

http://www.memoriaviva.com/.../testimonio_de_domingo_cadin

http://antropologiadelarealidadvirtual.com/2014/02/27/memoria-enrededada-domingo-cadin-en-las-redes-sociales/

Et aussi

la page facebook de Domingo Cadin. Très nombreux liens YouTube pour connaître et comprendre la dictature pinochiste.


La corruption commence dans la poubelle

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La corruption commence dans la poubelle

Chaque matin le basurero passe dans la ruelle. Il porte un gilet au nom de la délégation et a son casque MP3 sur les oreilles. Il y a des jours pour le tri auquel le DF s'est mis et on ne doit pas déposer n'importe quoi. Le jour des papiers n'est pas celui du plastique et on n'a pas intérêt à jeter dans sa poubelle un truc dans son emballage, même si c'est irrécupérable autrement. Et l'organique c'est l'organique.

Par ailleurs comme le basurero souffre de misogynie et qu'il n'y a que des femmes locataires dans le condominio, il lui arrive de déballer des déchets intimes et de les étaler là sur le trottoir ce qui rend fou furieux un des propriétaires. Lequel s'en prend aux dames. évidemment.

Les locataires sont aussi des actives qui partent tôt au travail et posent donc leur poubelle en sortant. Elle ne sont pas là pour glisser la pièce au basurero "pour le refresco". Celui-ci pour vous apitoyer il vous raconte qu'il n'est pas payé, ce qui est faux car il travaille pour la ville. Et quand vous observez un peu son manège, vous vous rendez compte qu'il prend n'importe quoi aux propriétaires d'en face, lesquels lui graissent la patte ou l'invitent à boire.Et pour avoir la paix chacun finit par faire pareil.

Là commence la corruption. Là une sorte de despotisme local ( La fin de la liberté!), qui gangrène ainsi tant d'actes de la vie mexicaine.

Le basurero petit mafieux local ne se contente pas de ramasser, il décide qui a ou non droit à ses services. On est bien loin d'un service public égalitaire! Il faut encore entrer dans ses bonnes grâces, Certes on peut alléguer que son travail n'est ni facile ni ragoûtant mais ce n'est pas sur le sujet ! Et qu'il ne doit pas rouler sur l'or. Mais cela n'a hélas rien à voir avec ce travail spécifique dont d'autres s'acquittent plus noblement. Ce qui est en cause c'est cette dépendance au bon vouloir de quelqu'un qui vous tient par le gousset! Quand il ne violente pas pour obtenir gain de cause.

De nombreux pays tolèrent ce système : Il affecte la vie quotidienne et publique. Il pourrit les relations administratives et les affaires, il dévoie toute la vie politique. Il fait de certains des dominants, là où l'égalité devrait être un principe et où un salaire décent devrait suffire. Mais que faire? La tenue d'assemblée de voisinage décidant d'une seule voix une conduite tenue, canaliserait peut-être le basurero, mais pour ce qui est des achats de voix et des pots de vins on voit assez comment la justice actuelle passe son temps à juger des dérives. Non le Mexique n'est pas le pays champion de corruption et elle sévit en France et en Europe au plus haut niveau politique chez ceux qui donnent des leçons de morale aux citoyens. Mais un service public rigoureux est normalement un rempart contre ces pulsions, sans doute est-ce pour cela que beaucoup cherchent à le privatiser. Au Mexique comme en France.

Son jarocho, la relève.

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Son jarocho, la relève.

Vif, chaleureux, coquin, le Son Jarocho typique de Veracruz, étendu à Tabasco et Oaxaca, se caractérise par une joute de répons sur l'actualité sociale et politique. Il est donc toujours in, toujours inventif. Un peu comme les traditions de la Sierra Kichu dans la région de Guanajuato. Il n'a pas d'âge et les jeunes musiciens prennent la relève avec brio.

Ceux-ci s'étaient retrouvés dans une posada de Saint Cristobal de Las Casas et il s'en donnaient à corps joie. A coeur aussi bien sûr mais l'intelligence du son comme du verbe dominait. Ils se disaient modestes par rapport à un groupe de jazz qui jouait le soir dans les meilleurs cafés, mais étaient beaucoup plus libres dans leurs impros, rajoutaient des instruments, riaient de plaisir. Tout ce que le jazz subversif des origines a perdu dans les tiroirs des écoles de musiques. Non la créativité musicale n'est pas morte, non les jeunes ne sont pas moins intelligents que les anciens. Des images de cette session improvisée et subversive.

Son jarocho, la relève.
Son jarocho, la relève.
Son jarocho, la relève.
Son jarocho, la relève.
Son jarocho, la relève.

la lagune de Tlacotalpan

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la lagune de Tlacotalpan

Un cavalier vient s’y baigner avec son cheval, on y pêche des crabes à carapace molle, comme à Venise, c’est un lieu édénique où la mer entre dans les terres à moins que ce ne soit l’inverse. L’eau est brune et les nénuphars cachent des oiseaux aquatiques. Parfois quelqu’un se fait conduire de l’autre côté dans une des barques. Chacun sait où trouver les personnes, qu’on ne voit pas. Les enfants se rafraîchissent après le repas.

Sur le bord de la route un restaurant simple où vous êtes l’unique client, et qui vous sert de délicieux produits locaux. La patronne vous raconte sa vie et les toilettes rivalisent d'originalité. A cette heure là de l’après –midi nul ne sort.D’ailleurs un peu plus loin Tlacotalpan est désert. Seule la statue d’Agustin Lara enfant du pays né en Octobre 1897, compositeur auteur de chanson et interprète résiste au soleil. A côté de l’église aux coupoles vert amande sur la petite placette. La ville ressemble à un décor de cinéma, et en sert le cas échéant. Les citadins sortiront à la fraîche et la vieille mexicaine d’origine anglaise avec ses tâches de rousseurs servira un thé dans une belle tasse ébréchée mais so british. C'est une ville de luthiers, dont il reste quelques boutiques aujourd'hui tenues par des américains ou des autrichiens. Mais avant d'entrer dans ce décor colonial devenu banal tant certains villages magiques se ressemblent, il faut s'arrêter près de la lagune où comme dans tous les endroits délaissés par le tourisme, il se passe toujours quelque chose. Une façon plus intime de rencontrer le Mexique.

la lagune de Tlacotalpan

Le requin et le petit garçon

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Le requin et le petit garçon

Le requin ne bougeait pas. Pendant près de 5 minutes il resta là à planer au-dessus de la tête du petit garçon. Celui-ci dans les bras de sa mère, les yeux levés vers l'énorme oiseau des mers se taisait. A trois ans il avait déjà donné une conférence sur les requins à l'école et aucune des manières de cette espèce ne lui échappait. Il aimait un loto de la mer très sophistiqué que sa grand-mère avait acheté au marché de la colonia Education.Il enregistrait en jouant les noms les plus compliqués de la faune marine.

Et là le requin lui rendait visite.

Aucun autre visiteur n'osait s'approcher, pour ne pas troubler cette rencontre. Certes il y avait une vitre entre le requin et l'enfant. Dans cet aquarium de Veracruz très bien agencé. Mais l'immobilité du petit garçon comme celle du requin étonnaient. Certes c'était un petit garçon chaman qui savait à l'avance quand sa grand-mère allait se faire voler. Et il voulait l'accompagner pour la protéger. Alors la grand-mère répondait qu'elle penserait très fort à lui quand ça arriverait. Et comme c'était arrivé elle avait juste dit que son petit fils l'avait prévu et impressionné on lui avait rendu son dû.

Alors l'immobilité du requin n'était pas si étrange. Le petit garçon lui avait rendu hommage à l'école, le requin remerciait.

Violences anti zapatistes, visées capitalistes?

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Les attaques répétées contre les communautés zapatistes, celles du 2 mai à La Realidad comme celles plus récentes contre lesquelles le FRAYBA centre des droits de l'Hommes de San Cristobal de Las Casas a porté plainte, se déroulent toutes sur le territoire de Las Margaritas. Les suspects font partie du CIOAC syndicat d'agriculteurs liés au gouvernement, et le but annoncé serait la récupération des terres annexées par les zapatistes. En réalité le prétexte paraît trop mince!

Si l'on y regarde bien on trouve des projets miniers dans la région de Las Margaritas, des infos de 2012 qui disparaissent curieusement des sites gouvernementaux. En même temps le gouvernement rappelle que la terre peut appartenir aux zapatistes qui la travail mais que les ressources du sous sol sont au gouvernement. Une formule même très hypocrite du PAN et PRI réunis stipulant que ces récupérations de terres par les entreprises serait "un prêt d'intéret publc de la part des communautés indigènes" est un retour arrière sans précédent!

On sait que cet état est riche en Hydrocarbures et en richesses de toutes sortes. Mais il faut pour y accéder déposséder ceux qui y vivent et voient très mal la saignée de la forêt Landona véritable poumon mexicain. Les mines à ciel ouvert, les capatations d'eau nécessaires à leur fonctionnement, l'utilisation de produits hautement toxiques, quand les peuples ont tant besoin de l'eau pour leur surviie quotidienne, sont des crimes contre l'humanité. Ne pouvant faire accompagner les multinationnales le gouvernement fomente des violences par paramilitaires et utilise les jaloux en leur faisant croire qu'ils y gagneront. Faux! Tout ceci est cousu de fil blanc. La lutte sera certainement difficile et les communautés soudées sont les premieres atteintes pour tenter de les effrayer et diisperser. L'information sur ce sujet paraît fondamentale. Et la sympathie internationale toujours aussi vive a permis de réunir les fonds pour reconstruire l'école et l'hôpital de La Realidad.

Mais c'est une vigilance de tous les instants contre l'hydre capitaliste qui avec la privatisation de Pemex a trouvé un nouveau souffle.

 

Violences anti zapatistes, visées capitalistes?

L'anniversaire

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Le jour de l'anniversaire reste encore très fêté au Mexique .Qu'il soit réveillé par ses proches avec la chanson Las Mañanitas ou mené sur une trajinera (barque à fond plat) sur les canaux de Xochimilco, avec des amis ou dans un parc du centre ville pour y jouer avec ses meilleurs copains, celui dont on fête l'heureux anniversaire sera forcément sur la sellette. Et chacun va rivaliser pour le satisfaire. Tous les invités attendront bien sûr le célèbre pastelito dont le diminutif atteste plus la gourmandise que la petitesse! Car les gâteaux d'anniversaire à étage, énormes,ressemblent à ceux de Walt Disney nappés de crèmes sublimes! Et si de mauvaises langues prétendent que les voisins ne viennent chanter que pour ça, il faut dire que cela vaut le coup! Aujourd'hui le Pastelito se transforme en Spiderman ou héros favori des enfants et peut être fait maison à l'aide de quelques colorants alimentaires.

Quand on se devrait d'honorer chaque minute pour la merveille du vivant il est bon de constater à quel point les familles mexicaines y sont sensibles. C'est l'occasion de se rappeler la naissance lorsqu'elle n'est pas trop ancienne, ses péripéties, sa forte poésie. Alors chantez Las Mañanitas ou bien si vous avez aussi des origines françaises, Bon Anniversaire, mes voeux les plus sincères, ou même le Happy Birthday to you, mais soyez joyeux, car la vie est précieuse.

http://www.deezer.com/album/6026072

Éstas son las mañanitas
que cantaba el Rey David,
Hoy por ser día de tu santo,
te las cantamos a ti.

Despierta, mi bien, despierta,
mira que ya amaneció,
ya los pajarillos cantan,
la luna ya se metió.

Qué linda esta mañana
en que vengo a saludarte,
venimos todos con gusto,
y placer a felicitarte.

El día que tú naciste
nacieron todas las flores,
en la pila del bautismo
cantaron los ruiseñores.

Ya viene amaneciendo
ya la luz del día nos dio,
levántate de mañana,
mira que ya amaneció.

Dalhias, bégonias,oxalis, fleurs d'origine mexicaine

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Le Dalhia est arrivé en France l'année de la Révolution 1789. Lui qui pousse à profusion au DF et dont le tubercule au goût d'artichaut est comestible a failli faire concurrence à la pomme de terre. Finalement c'est surtout sa fleur qui a séduit. Soleil ébourriffant du pays du soleil. C'est d'abord le Dalhia changeant (variabilis) qui est arrivé. Puis en 1809 le dalhia coccinea, enfin en 1872 le dalhia Juarezi (corne du diable). La ville de Xochimilco où il y en a beaucoup porte des rues et ruelles à son nom.

Le Bégonia gracius est arrivé lui en 1829 précédé par l'oxalis à quatre feuille (tetraphyllia)

Le canna fleur de lis vient aussi d'Amérique centrale. Ainsi bien sûr que le mexicain Oeil de paon (Tigria pavonica).

Quant aux mariages ils ne sauraient se célébrer sans l'imposant glaieul dont les gerbes décorent les nefs des églises. Bien qu'originaire d'Afrique ddu Sud et d'Europe, il a trouvé là-bas une pace d'honneur.

A la saison des pluie vivifiées par le soleil matinal et arrosées naturellement le soir ou la nuit les fleurs s'égaient dans les milpas et les jardins. La pluie révèle aussi les parfum des daturas jaune vanille.

Dalhias, bégonias,oxalis, fleurs d'origine mexicaine

Rentrée scolaire au Mexique, avec ou sans uniforme!

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Rentrée scolaire au Mexique, avec ou sans uniforme!

La rentrée scolaire a lieu cette semaine, pour l’équivalent de la population de la ville de Mexico. 26 Millions dont près de 15 millions en primaire. La plupart des parents ont passé les semaines de juillet à faire les soldes et les boutiques pour acquérir l’uniforme obligatoire. Un coût important pour les familles même si l’objectif est de niveler les apparences. Jupe, chemisette, sweat pour les filles, (210.38 $)plus socquettes blanches et chaussures noires on atteint vite les 300$. Chemise, pantalon ou short, sweat pour les garçons (un peu plus cher, 238.06$ (allez savoir pourquoi !)

Dans certains état comme le Chiapas le gouvernement impose sa couleur (verte là-bas) et un écusson à la gloire du gouvernement.

Pour ce qui est des écoles privées, les parents souvent réfractaires à l’uniforme, mise plutôt sur la qualité de l’enseignement. On trouve aussi d’excellents enseignants dans le service public notamment des maîtres bilingues indigènes, des enseignants qui font des kilomètres à pied pour rejoindre de petites écoles. Il y a aussi les endroits où l’école se fait dehors faute de structures. Quant à la réforme scolaire très contestée et contestable qui a donné lieu à des occupations du zocalo pendant des mois en 2013 elle peine à se mettre en place. Le livre de Navarro "Pas de récréation" fait le point sur ce sujet. Beaucoup de professeurs diplômés en sciences de l’éducation se tournent vers le privé. Car on rencontre des passionnés de cette discipline.

Quels que ce soient les choix des parents comme des enseignants bonne rentrée à tous !

article revue Proceso sur rentrée scolaire

http://ow.ly/At3ql

Rentrée scolaire au Mexique, avec ou sans uniforme!

Ce chile qui donne la pèche aux mexicains!

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Ce chile qui donne la pèche aux mexicains!

Pas une table sans son service de sauces verte et rouge et sur tout le territoire, l’incontournable présence d’une de ces 60 espèces de Chile. « C’est piquant la cuisine mexicaine ? » hésitent les estomacs français. Pas forcément car si la graine donne le piquant, la pulpe elle peut couvrir tout l’éventail des saveurs. Léger chile vert de Puebla(ancho), si délicieux farci, petit piment arbol (que nous appelons oiseau) et dont l’importation au pays basque a donné, amélioré, labellisé, le fameux piment d’Espelette. Chile café, rouge, bordeaux, chocolat, sombre presque noir. Comme le chile entre dans la composition du Mole les entrepôts des boutiques de San Pedro d’Atcopan qu’un ami appelle San Pedro del Mole enchantent par leurs nuances. Et si vous l’osez vous tenterez le mignon habanero de 6cm en robe oranger clair mais surpuissant.

Ils ont des noms charmants ou ravageurs : jalapeño, rocoto, tabasco, guapillo, chilaca. On pourrait en faire une chanson ! Et si le symbole du chile en raison de sa forme est directement lié au membre viril le mot entre dans le jeu du langage, albur ou quotidien.

Lors de la préparation attention à ne pas « s’enchilar ». Pourtant il m’est arrivé de recevoir dans les yeux une goutte, et sur le coup c’est terrible. Mais j’ai constaté par deux fois un grand bien être ensuite ! Comme si l’œil lavé était débarrassé d’une taie. Ce qui ne veut pas dire qu’il vous faille tenter cette expérience très personnelle.

Le chile conserve la nourriture et est antiseptique. Cause de son utilisation première. Son taux de vitamine C est supérieur à celui du citron. Son taux d’acide ascorbique valut le prix Nobel de physiologie et médecine au Hongrois Albert Szent Cyürgyi en 1937. Mais son atout majeur est surtout la capsicéine qui enflamme, donne chaud, peut faire rougir, libère des endorphines indispensables au plaisir et au bien être. Voilà peut-être la raison de la joie de vivre des mexicains. Malgré les vicissitudes de la vie. Voilà peut-être pourquoi on s’embrasse davantage au Mexique qu’ailleurs !

En tout cas testez le chile pour approcher des arcanes de la cuisine mexicaine, classée au patrimoine mondial de l’humanité.

Certaines boutiques en ligne commercialisent des chile en boîte ou séché, car il est un peu difficile d’en trouver frais à l’étranger.

http://html.rincondelvago.com/chiles-mexicanos.html liste de toutes les espèces

et www.ecoosfera.com/.../chiles-mexicanos-un-breve-re.. avec belles photos

Ce chile qui donne la pèche aux mexicains!

40 000m3 d'acide sulfurique dans le fleuve Sonora désastre majeur

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photo Proceso
photo Proceso

40 000 mètres cube d’acide sulfurique déversés dans le Fleuve Sonora font courir des risques graves aux riverains. Non seulement ils sont interdits de boire l’eau mais qu’en est-il de leur alimentation lait, viande, légumes et même fruits locaux ? Les puits sont fermés et la population ne peut utiliser que de l’eau en bouteille. Ou livrée en citerne mais dans la méfiance car on n’est jamais sûr de son origine.

20 000 personnes sont ainsi pénalisées sans compter toutes les personnes vivant loin en aval, car le fleuve n’a pas attendu la neutralisation tardive du groupe Mexico, fautif « d’un accident » pour suivre son cours. Ce groupe (3eme au monde dans l’exploitation du cuivre) qui a tardé à déclarer le sinistre, dit assumer les conséquences environnementales.

Mais malgré les prélèvements gouvernementaux les militants en milieu ambiant sont très inquiets et parlent de mort du fleuve.

Car encore une fois les exploitants font fi des humains et ne prennent pas les précautions nécessaires dans l’utilisation de produits toxiques. Le groupe serait par ailleurs très endetté. Et comme les images parlent davantage, voir cette vidéo de l’AFP sur le sujet.

http://youtu.be/lxs-4Sa8D8k

Ainsi qu’un excellent article en espagnol du professeur Jose Luis Lezama du Collège de Mexico

http://joseluislezama.blogspot.mx/2014/08/rio-sonora.html?m=1

Chatoyant musée textile du haut Chiapas

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Chatoyant musée textile du haut Chiapas

Ouvrez lentement les tiroirs et découvrez des pièces magnifiques brodées ou tissées tzeltales et tzotziles ( descendants des Mayas) dont certains vieux de plus de mille ans. Cela se passe au Musée du Haut Chiapas , dans l’ancien couvent Santo Domingo de Guzman à San Cristobal de Las casas.

Le lieu très fonctionnel comme les plus grands musées de tissus permet d’admirer le détail des pièces chatoyantes. Les motifs animaliers, cosmogoniques, géométriques, simples ou complexes ravissent l’œil même des non initiés. C’est un travail millénaire d’une patience infinie qui s’inscrit dans la vie des femmes de cette région. Et qui reflète la beauté des coutumes, le sens esthétique allié à la pratique. Parfois de pièces ultra simples presque basiques ressort un humour et sens de l’observation des plus grands dessinateurs.

On est loin du pseudo artisanat venu des entreprises du Guatemala ou de Chine étalées à San Juan Chamula mais qui font vivre les familles. Ici tout est authentique et précieux pour le chercheur comme le passant.

Au sortir du Musée la coopérative Sna Jolobil offre à la vente de très beaux tissus. Eux aussi réellement fait main. Preuve qu’il existe encore le goût de la belle ouvrage de par le monde.

Le Musée ouvert du Mardi au dimanche de 9h à 18h, vaut qu’on le cherche dans San Cristobal, caché derrière le marché de l’Artisanat.

Chatoyant musée textile du haut Chiapas
Chatoyant musée textile du haut Chiapas
Chatoyant musée textile du haut Chiapas
Chatoyant musée textile du haut Chiapas

Petits hommages à travers des objets mexicains

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Petits hommages à travers des objets mexicains

Les objets, tremplins pour la mémoire. Ils sont là dès que s’éloigne Mexico.

Ce bois peint de Oaxaca, qui représente des paysans au travail et de tous petits détails : le harnais des chevaux, les grains de maïs semé et au fond le lac ou l’océan avec un héron, des canards et des poissons. Ces rayons du soleil, derrière, le sens de la profondeur, du cadrage, du dessin, de la couleur qui fait rêver d’un monde digne sans agression de lobbies prédateurs. Derrière ce bois je revois les yeux du vendeur, près du marché, ses yeux noirs un peu ronds. Quelqu’un qui faisait son travail : vendre des productions de sa communauté. Quelqu’un qui travaillait dur, parce que certains totalement ignorant des conditions de vie et du salaire minimum, mégotent et exigent des prix encore plus bas. J’ai assisté à des scènes de ce genre, en taisant ma nationalité, de peur d’être contaminé ces barbares.

Cette fleur rose en crépon fripé, c’est dans une ruelle de Xochimilco, qu’une jeune fille me l’a offerte. Je lui demandais si elle allait à une fête. Elle venait d’animer un atelier pour enfants afin de transmettre cette créativité ornementale des frontons des barques qui vont sur les canaux et les maisons gardant notamment le Niño Pan. Enfant Jésus (ou petit Dieu Maïs) transmis en grande pompe le 2 février. Cette fleur porte en elle le savoir des siècles. Je l’ai reçue avec grand honneur.

Ma mochila (sac à dos) en tissu rayé aux couleurs vives, c’est une jeune femme qui m’a dit venir de la montagne entre Puebla et Veracruz. Et qui se partageait les marchés du coin avec son mari. Je ne suis pas bien sûr que l’objet ait été fait chez elle. Mais venir de si loin au DF pour vendre me semble une aventure en soi.

Ce soleil en Broderie de Hidalgo, c’est un cadeau d’Alan anthropologue créateur de sacs et d’objets pour vivre (Alan y el Bosque est sa marque) qui termine sa thèse sur les broderies de Hidalgo. L’échange avait été passionnant. Ce soleil avec ses lunettes de soleil, ensoleille le mur blanc les jours de grisaille, dans sa guirlande d’oiseaux chanteurs (Si si ils ont le bec ouvert !).

Ces oiseaux bleus je les ai posés bec contre bec sur une coupe en verre. Je revois le gamin (un grand ado) qui les peignait au marché Santo Domingo de San Cristobal. Précis, discret et amusé. Ils me rappellent un oiseau bleu furtif comme un rêve entrevu en plein DF dans de très hauts arbres un matin. Comme de rares couples fidèles et amoureux, ils ont de l’humour dans l’œil.

Sur cet exemplaire de Folio, Material Art Fair 2014 Göz le photographe entre deux rires et sous le sourire de Domingo a écrit un acrostiche sur mon prénom. Au stylo noir. Mais il n’a pas ménagé les blancs et toute une ligne fondamentale pour le sens global s’est perdue dans les caractères d’imprimerie. C’était un soir de février il faisait chaud comme les nuits de mai en France. Comme je ne l’ai jamais revu je ne saurais pas le fin mot du poème.

J’ai parcouru là 7 états, et un échantillon infime de leur production mais dans cette diversité, chaque objet parle d’un Mexique qui n’a rien à voir avec la vision des médias ni les lieux communs des européens. Or c’est bien le but de ce blog : Peu à peu au fil des articles parler d’un pays infiniment subtil.

Les déplacées de San Juan Copala occupent Oaxaca

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Les déplacées de San Juan Copala occupent Oaxaca

Avec régularité, elles parcourent la centaine de kilomètres qui les séparent de leur montagne aux limites de l’Etat de Guerrero, et viennent occuper avec leurs enfants les arcades de l’édifice gouvernemental de Oaxaca. Elles y informent et dorment. Car deux d’entre elles Teresa et Felicitas voix de la Radio autonome de leur commune libre ont été assassinées. Beaucoup de familles ont été aussi agressées et déplacées (environ 100 personnes) par des paramilitaires liés à l’UNISORT (unité pour le bien être social des Triquis) financé par le gouvernement.

Celui-ci cherche à démontrer qu’il s’agit de « guerre civile entre triquis ». Mais entre les tenants de voix autonome et ceux qui sont fidèles au PRI se trouvent surtout des subsides détournés et des influences de pouvoir.

Les femmes de San Juan Copala elles avec leurs enfants, dans leur « huipil rouge sang » le très beau tissu dont elles se revêtent, sont là pour réclamer la paix et le droit de rentrer chez elles. Ainsi que le châtiment des assassins. Leur mouvement se rattache à celui de Wixarika contre la mine de Quatorze, de Cheran contre le pillage forestier, car ces déplacements forcés cachent d’obscurs projets ultralibéraux. A El Mimbre dans la vallée de Ciudad Juarez il s’agit d’un pont avec les Etats Unis et d’une zone commerciale, ailleurs ce sont des forages, l’installation d’un aéroport (dont on reparle à Attenco).

Elles étaient là en 2010 après l’attaque de leur caravane solidaire, en 2013 et en 2014. Régulièrement elles reviendront tant qu’elles n’auront pas gain de cause. Lutte du pot de terre ? Peut-être pas à l’heure où les réseaux sociaux relayent les abus et peuvent mettre en péril les agresseurs.

Le site de cette lutte http://sanjuancopalaoaxaca.wordpress.com/

Les déplacées de San Juan Copala occupent Oaxaca

Marathon, courir à Mexico

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Le Départ du Marathon de Mexico qui a eu lieu hier, c’est à l’aube et en fanfare ! L’arrivée au stade Olympique est impressionnante. Et certains ont dû abandonner en route. Et si les péruviens gagnent depuis deux ans, d’autres se satisfont d’arriver, voire de participer. Car la préparation est rigoureuse et l’entraînement constant. Alimentation spécifique, tonifiante et anti douleur (avec des pommes de terre notamment) perte de kilos superflus, absorption d’eau, de fruits (vitamines naturelles). Et encouragement de l’entourage ! Une donnée majeure.

Il se court seul, en couple, en bande, en association. Pour le challenge, le goût, le panache ou une cause. Des centaines de milliers de spectateurs jalonnent le parcours. Des coachs, des supporters, des sauveteurs.(52 médecins...)

L'altitude favorise certainement les coureurs. Et ce n'est pas pour rien que le tandem Péruvien éthiopien a gagné encore une fois. Quand on revient de Mexico en Europe, d'ailleurs on marche beaucoup plus vite pendant des mois!

Cet article montrera à tous ceux qui ne voient Mexico qu'à travers un nuage de pollution qu'il est aussi possible d'y vivre comme ailleurs et que les mexicains sont loin d'être avachis sous leur sombrero comme le montre un restaurant de ma ville, distribuant à ses clients hilares des chapeaux tous plus ridicules les uns que les autres.

Pour corser ces 42kms l'épreuve de cette année s'est même déroulée sous la pluie.

avant et après la performance. Felicitation à tous!
avant et après la performance. Felicitation à tous!
avant et après la performance. Felicitation à tous!
avant et après la performance. Felicitation à tous!
avant et après la performance. Felicitation à tous!

avant et après la performance. Felicitation à tous!


Le canyon Sumidero, merveille géologique du Chiapas

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Deux canyons remarquables sertissent le Mexique : Le Sumidero au Sud et le Barancon de Cobre au nord. Le premier entre Tuxla et San Cristobal de Las Casas verdoyant est un des joyaux géographiques du Pays. Sillonné de cascades et d’une faune silvestre.

Avec ses parois de 1km de haut creusé dans la rivière Grijalva née au Guatemala et qui se jette 600kms plus loin dans le Golfe du Mexique près de Villahermosa, le Sumidero peut se visiter de deux façons. Soit on embarque en barques collectives,hors bord ou kayak à Chiapa de Corzo et on descend la rivière au milieu des crocos, des singes et des oiseaux la tête levée vers les cascades, soit on suit le circuit des points de vue qui le jalonnent. Et on appréciera alors la hauteur des berges, la végétation, la configuration géologique. C’est ce qu’avait choisi notre chauffeur géographe. Les cris des singes déchirent parfois le silence admiratif des touristes, surtout mexicains en vacances de Noël.

Une ballade dans les deux cas inoubliable qui donne du Mexique une autre vision. Et vous sort de l’immédiateté pour vous placer au cœur des ères de formation de cette planète à protéger.

 

Ceux qui souhaiteraient une vue d'en bas trouveront de nombreuses photos et video sur la toile.

NDLR: Je n'ai pas traduit le terme Sumidero parce que les traductions françaises diverses cassent la poésie et n'en rendent pas compte.

 

 

Le canyon Sumidero, merveille géologique du Chiapas
Le canyon Sumidero, merveille géologique du Chiapas
Le canyon Sumidero, merveille géologique du Chiapas
Le canyon Sumidero, merveille géologique du Chiapas
Le canyon Sumidero, merveille géologique du Chiapas

Etincelant ballet folklorique de Mexico

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Etincelant ballet folklorique de Mexico

Le niveau du Bolchoï dans la flamboyance mexicaine. C’est l’impression que m’a fait le célèbre ballet Folklorique fondé par Amalia Hernandez en 1959, lors d’une prestation à Bellas Artes. Même si le cadre de ce haut lieu prédispose à des appréciations favorables, je compris la raison de sa notoriété et l’engouement laissé par la tournée en Europe de cette compagnie.

Lorsque les joueurs de tambours montent de la fosse d’orchestre en introduction, on est pris par une poignante montée aux origines. Prêt pour un tour du Mexique, au cœur de sa tradition. Car chaque état, région, a ses danses et ses rythmes, son humour et son romantisme . Ses légendes.: Ainsi cette poignante danse du cerf. Mais aussi la République fédérale a son histoire, celle de la révolution. Ses masques, ses mythes et son rapport à la mort. Ses jeux de l'amour et du hasard. D'excellents musiciens sur scène accompagnent les danseurs, tous dans des costumes hautement soignés, où domine l’harmonie. Dans son sillage les universités ont créé des ballets folkloriques très professionnels (Université de Colima, de Veracruz) mais celui de Mexico emporte le spectateur dans un souffle inouï.

Etincelant ballet folklorique de Mexico
Etincelant ballet folklorique de Mexico
Etincelant ballet folklorique de Mexico
Etincelant ballet folklorique de Mexico
Etincelant ballet folklorique de Mexico

Viva, de Patrick Deville, révolution VIP dans un Mexique de cinéma

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Après une très belle page d’introduction sur les piqueurs de rouille dans port de Tampico, Patrick Deville entraîne son lecteur dans un tourbillon de personnages et de références qui peuvent s’avérer plus étouffantes que la poussière du Popo dont il dit se protéger lui-même lors d’un séjour à la Condessa le quartier chic des migrants européens à Mexico…On voit Artaud, Breton, Cravan, Traven, John Reed, etc...

Son propos, établir un parallèle entre Trotsky réfugié au Mexique où il mourra, sa conception d’une révolution collective et la révolution littéraire du best seller Sous le Volcan dont Malcom Lowry accouche dans la douleur pendant 10 ans. Sous la plume brillante, documentée jusqu’à l’obsession de Deville avec son côté intelligence service, la thèse paraît crédible. En fait toutes ces rencontres au Mexique ne sont que coïncidences. Et le Mexique un prétexte. Car ce qu’en connaissent tous ces exilés-politiques ou d’eux-mêmes-se réduit à des stéréotypes : drogue, alcool, jalousie, violence et traitrise Certes le couple Rivera Kalho à l’origine de l’asile de Trotski, ouvre ses portes, ses amitiés et plus puisqu’entente.Et c'est dans cette coterie que se fomentera l'assassinat du proscrit.

Deville mêle  lieux, époques, passé et présent, l’Histoire, avec son making-off : ses rencontres pour la fabrication du livre avec quelques écrivains mexicains officiels d’origine russe ou péruvienne, ayant atterri un peu par hasard au Mexique. Et bien sûr il s’entretient avec le petit fils de Trotsky, Esteban Volkov (En 2012 cet homme de 86 ans a publié sur l’assassinat de son grand-père un livre dont Deville ne parle pas). Cette part du roman est peut-être la plus intéressante, l’autre étant tellement rebattue que les lecteurs mexicains saturent. Comme si la vie du pays s’était sclérosée autour de la bande Rivera Kalho. La mode depuis le film Frida et cession des droits de la famille Kalho aux américains pour les produits dérivés a engendré une telle avalanche de récits et de merdouilles que les jeunes créateurs mexicains caricaturent aujourd’hui la Fida pour s’en débarrasser. Bien peu d'ailleurs en dehors de quelques admiratrices en transe, disent aimer son oeuvre.

En revanche Deville ne parle pas de l’art époustouflant de Siqueiros le stalinien. Accusé d’être à la tête des anti-trotskystes.

Bref si on peut se laisser emporter par le tourbillon du name-dropping (comme l'écrit La Tribune de Genève) aspect qui m’avait personnellement rendu illisible Kampuchea, on peut aussi regretter que « la petite bande » qui pense révolutionner le monde mais néglige foncièrement le peuple -sauf peut-être dans son art- ne soit qu’une équipe de VIP ou petits bourgeois comme les aime Deville, ce qu’il conteste le futé, arguant que Tina Modotti la traitresse émigrée italienne est née prolétaire…

Quant au titre, Viva, ce n’est en rien un Viva révolutionnaire sinon juste une tranche d’histoire un peu mondaine. Qui aurait pu se passer partout dans le monde. Le Mexique qui a d'autres chats à fouetter à l'époque ne gagne pas grand chose à ce roman.

Viva, de Patrick Deville, révolution VIP dans un Mexique de cinéma

Nef de la cinemathèque nationale

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Nef de la cinemathèque nationale

Même au pays qui a vu naître le cinéma, nul espace n’a le prestige architectural de la Cinémathèque nationale de Mexico. L’institution existe en réalité depuis 1974 sur l’emplacement de l’actuel CENART. Incendiée en 82 elle a vu la destruction de très nombreux documents cinématographiques et de dessins fabuleux d’Eseinstein et Rivera. Reconstruite à Coyoacan, elle s’est transformée encore en 2012 en un grand vaisseau renversé à coque ajourée grâce au génie imaginatif de l’architecte Michel Rojkind célèbre de Dubaï à Singapour. Un architecte relativement jeune né en 69.

Les salles sont désormais à l’étage où l’on accède par un plan incliné facile d’accès pour tous.

Sur la pelouse s’ébaubissent des jeunes gens étudiants en cinéma ou arts divers. Les grilles offrent un lieu d’exposition de photos de cinéma. Et le programme très varié, avec ses rétrospectives internationales, comme ses bijoux documentaires, permet à chacun d’y trouver son plaisir.

Je m’y suis trouvé seul dans une immense salle en après midi, devant le film biographique de Raymond Depardon.

Une cafétéria à la mesure du lieu a été ouverte, mais en début d’année la librairie et le magasin de jouets n’avaient pas rouverts. L’architecture a peut-être fait perdre un peu de convivialité et de chaleur d’un salon de thé autour d’un arbre. Mais elle répond à la demande et à des foules d’amateurs du 7eme art de tous âges et aux très nombreux étudiants qui vont sans doute sous peu retrouver le prestige du cinéma mexicain.

Nef de la cinemathèque nationale

Grito si, o grito no?

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Grito si, o grito no?

Chaque 15 septembre au Mexique et à l’étranger, se fête le Cri de l’indépendance. « el Grito ». Bien que les historiens diffèrent sur la nature exacte de cet appel la tradition est tenace et officielle.

Miguel Hidalgo a-t-il appelé à l’Indépendance, à la lutte contre les français notamment Joseph le frère de Napoléon qui allait détrôner le roi d’Espagne Fernand VII, ou au respect de la religion et du roi d’Espagne Fernando IV ? Appelait-il les indigènes à former une coalition qui entraînerait des violences et mènerait cette troupe devant Mexico sans y entrer? Celui qu'on appelait Zorro pour son esprit rusé, voulait-il le pouvoir ? Mystère. A Dolores non loin de Guanajuato où a eu lieu l’évènement, a-t-on sonné la cloche avant ou après son appel ? Cette cloche aujourd’hui fêlée et apportée à Mexico, qui tinte encore au palais gouvernemental lorsque le président de la République mexicaine lance à son tour ce cri à 23h au balcon du Zocalo devant des centaines de milliers de spectateurs. Là même où se déroule la conclusion du Jaguar sur le Toit, polar très documenté d’un chirurgien mexicain.

Pour bien des mexicains c’est l’occasion de festoyer. Boire, et se réunir dans la nuit du 15 au 16 . Oublier les vraies questions d’indépendance économique et morale, comme l’ouverture à la privatisation des ressources pétrolières et l’abandon de la souveraineté nationale. Oublier que sur tout le territoire des indigènes doivent lutter pour préserver leurs terres des multinationales, que la sécurité ne règne pas et que les citoyens doivent parfois prendre les armes pour se défendre collectivement. Oublier que certaines compagnies déversent allègrement des produits toxiques dans les fleuves et empoisonnent des surfaces impressionnantes, dans une relative impunité et silence gêné du gouvernement. Oublier que des dizaines de milliers de mexicains souffrent de disparitions forcées, et que l’application de la Loi sur les 70 000 victimes est freinée par beaucoup. C’est notamment ce que des associations de droits de l’Homme ou de réflexion citoyenne ne veulent pas oublier. Au contraire ce cri d’indépendance doit être l’occasion de se réunir pour réfléchir à ces questions qui noyautent la vie sociale et politique du Mexique. Ainsi Bastilla Mexicana (Paris) ou Brujula (Mexico) . Des journalistes comme John Ackermann rappellent , citant Marty "que ce ne sont pas les gouvernants de passage qui font le peuple, mais le peuple lui-même" et que c'est au peuple de décider de son cri. Tous ceux là et beaucoup d'autres appellent vaillamment à une autre manière de vivre le Mexique. Espérons que leur cri couvrira le brouhaha de la fête consentie et consentante.

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