Chaque matin le basurero passe dans la ruelle. Il porte un gilet au nom de la délégation et a son casque MP3 sur les oreilles. Il y a des jours pour le tri auquel le DF s'est mis et on ne doit pas déposer n'importe quoi. Le jour des papiers n'est pas celui du plastique et on n'a pas intérêt à jeter dans sa poubelle un truc dans son emballage, même si c'est irrécupérable autrement. Et l'organique c'est l'organique.
Par ailleurs comme le basurero souffre de misogynie et qu'il n'y a que des femmes locataires dans le condominio, il lui arrive de déballer des déchets intimes et de les étaler là sur le trottoir ce qui rend fou furieux un des propriétaires. Lequel s'en prend aux dames. évidemment.
Les locataires sont aussi des actives qui partent tôt au travail et posent donc leur poubelle en sortant. Elle ne sont pas là pour glisser la pièce au basurero "pour le refresco". Celui-ci pour vous apitoyer il vous raconte qu'il n'est pas payé, ce qui est faux car il travaille pour la ville. Et quand vous observez un peu son manège, vous vous rendez compte qu'il prend n'importe quoi aux propriétaires d'en face, lesquels lui graissent la patte ou l'invitent à boire.Et pour avoir la paix chacun finit par faire pareil.
Là commence la corruption. Là une sorte de despotisme local ( La fin de la liberté!), qui gangrène ainsi tant d'actes de la vie mexicaine.
Le basurero petit mafieux local ne se contente pas de ramasser, il décide qui a ou non droit à ses services. On est bien loin d'un service public égalitaire! Il faut encore entrer dans ses bonnes grâces, Certes on peut alléguer que son travail n'est ni facile ni ragoûtant mais ce n'est pas sur le sujet ! Et qu'il ne doit pas rouler sur l'or. Mais cela n'a hélas rien à voir avec ce travail spécifique dont d'autres s'acquittent plus noblement. Ce qui est en cause c'est cette dépendance au bon vouloir de quelqu'un qui vous tient par le gousset! Quand il ne violente pas pour obtenir gain de cause.
De nombreux pays tolèrent ce système : Il affecte la vie quotidienne et publique. Il pourrit les relations administratives et les affaires, il dévoie toute la vie politique. Il fait de certains des dominants, là où l'égalité devrait être un principe et où un salaire décent devrait suffire. Mais que faire? La tenue d'assemblée de voisinage décidant d'une seule voix une conduite tenue, canaliserait peut-être le basurero, mais pour ce qui est des achats de voix et des pots de vins on voit assez comment la justice actuelle passe son temps à juger des dérives. Non le Mexique n'est pas le pays champion de corruption et elle sévit en France et en Europe au plus haut niveau politique chez ceux qui donnent des leçons de morale aux citoyens. Mais un service public rigoureux est normalement un rempart contre ces pulsions, sans doute est-ce pour cela que beaucoup cherchent à le privatiser. Au Mexique comme en France.